Big Island est non seulement la plus grande île de l’archipel d’Hawaii, c’est aussi celle qui se situe la plus au sud des USA.
Lorsqu’on se tient à Ka Lae (« Southern Point » : la « pointe Sud »), on se tient juste en face de l’Antarctique.
Beaucoup de vestiges mis au jour par les archéologues suggèrent que c’est ici que les premiers polynésiens se sont installés à Hawaii (entre 400 et 800 après JC).
Mais outre les vestiges archéologiques, cette région de l’île recèle d’autres trésors :
- une côte arride et battue par les vents violents tout droits venus de l’Antarctique, une terre d’une couleur ocre comme vous n’en avez jamais vue…
- et surtout, une étrange plage de sable vert : Green Sands Beach, bien cachée entre deux falaises…
Comme beaucoup de joyaux hawaiiens, Green Sands Beach se mérite : impossible d’y aller en voiture, la route s’arrête bien avant.
Pour y accéder, il faut traverser la lande poussiéreuse, hostile, lunaire et sauvage.
Southern Point, une lande sauvage et poussiéreuse, aux couleurs lunaires et incroyables
La piste qui mène à la plage n’en est pas vraiment une : il s’agit en fait d’une multitude de traces de jeeps qui ont peu à peu creusé des pistes qui s’enchevêtrent.
N’espérez pas emprunter ces pistes avec votre voiture de location : par endroit, les ornières font près d’un mètre de profondeur, vous resteriez bloqué (et si vous devez appeler une dépaneuse pour remorquage, attendez-vous à une facture d’environ 2500$).
Les locaux ne parviennent à passer que parce qu’ils possèdent de puissants pick-ups surélevés.
Alors deux moyens de se rendre à Green Sands :
- soit payer 40$ environ aux locaux qui proposent de nous y déposer en pickup grâce à leur connaissance parfaite des ornières…
- soit suivre les jeeps à pied, et marcher les 45 à 60min qui vous séparent de la fameuse crique.
Sincèrement, si marcher ne vous fait pas peur (et s’il n’est pas plus de 16h), nous vous recommandons de faire cette petite rando (aucun risque de se perdre, il suffit de suivre les jeeps; la piste part du bas du parking, et se dirige vers la gauche).
La piste s’étend sur quelques kilomètres, entre ranchs abandonnés et littoral, et vous profiterez alors d’un paysage à couper le souffle (et vous vous en souviendrez toute votre vie).
D’abord des pierres qui roulent sous le pied, puis peu à peu, de la poussière, d’abord orange, puis incroyablement ocre, et surtout, de plus en plus fine, jusqu’à devenir aussi légère que de la farine.
Par endroits, le pied s’enfonce de plus de 20cm dans un coussin de poussière jaune / orange…
On se croirait sur une autre planète.
Le « sentier » est en fait un dédale de pistes dessinées et creusées dans la poussière par les allers et retours des jeeps et pickups, qui sculptent le paysage (et accélèrent le travail de sape de l’érosion). Dans quelques années, tout cela sera parti en poussière sous l’effet des pneus, des pluies et du vent.
Après 45 min de marche dans ce paysage lunaire : la plage… petite baie turquoise creusée par les assauts des vagues.
Green Sands Beach, une plage sauvage et reculée, dont le sable scintille de curieux reflets vert
Green Sands Beach est une petite crique – un ancien cratère érodé par la mer.
Le sable qui la compose est en fait le résultat de l’érosion des falaises, elles-mêmes composée de roches volcaniques riches en Olivine (une pierre semi-précieuse aux teintes brun / vert, ce qui explique la couleur du sable et de la poussière).
Selon la position du soleil et les conditions de luminosité, la plage prend alors des teintes allant du brun au vert olive, et surtout, scintille comme si elle était faite de millions de paillettes.
Après la petite heure de rando nécessaire pour arriver, vous aurez sans doute envie de piquer une tête : faites attention à ne surtout pas nager trop loin, les courants sont violents et vous entraînent droit vers le large, jusqu’en Antarctique. Et dans un endroit aussi isolé, personne ne pourra vous sortir de là si vous êtes emporté.
Pour le retour, si vous ne voulez pas rentrer à pied, voyez avec l’un des chauffeurs de jeep à touristes s’il leur reste de la place : contre quelques dollars, ils seront ravis de vous embarquer (le retour nous a couté 40$, mais vous pouvez sans doute discuter un peu le prix).
Le retour en jeep est sympa et vaut le cout : vous serez secoué dans tous les sens, la jeep se penchera parfois de manière impressionnante pour passer dans les ornières (parfois presque 60° !) … et vous aurez en plus l’occasion de discuter avec le chauffeur, qui aura sans doute énormément de choses à partager avec vous sur sa vie dans une région aussi isolée de Hawaii.
Photos : Baptiste Legrand pour TDM